Raed Bawayah, au nom des plus démunis
Le Palestinien Raed Bawayah exprime, à travers ses portraits, l'urgence d'une prise de conscience face aux conditions de vie des plus pauvres.
Le rendez-vous a été fixé à la Maison européenne de la photographie.Il s’apprête à inaugurer la deuxième édition d’un salon de photographie documentaire qu’il a créé à Paris, dans le Marais : La Quatrième Image. Raed Bawayah est un homme pressé. Comme s’il devait rattraper le temps perdu. Son enfance, son adolescence, dit-il. Né dans une famille très pauvre, orphelin de père, le jeune Palestinien doit travailler très tôt pour aider sa mère avant de pouvoir s’inscrire, à 27 ans, à l’école de photographie Musrarah de Jérusalem. Ce qui lui vaudra d’ailleurs deux semaines de prison pour avoir franchi la frontière, en pleine seconde Intifada. « Il a été le premier Palestinien à étudier dans une école d’art israélienne », raconte le directeur de l’établissement, qui l’a encouragé. Ébloui par Lewis Hine, Diane Arbus, Josef Koudelka, l’étudiant apprend vite. Comme eux, il sera témoin d’une humanité, celle des démunis et des exclus : les internés de l’hôpital psychiatrique de Bethléem, les travailleurs palestiniens clandestins en Israël… Ses projets impliquent une véritable préparation. En France, où il a élu domicile en 2004, il partage le quotidien des Gitans, ces « nomades devenus SDF ». En Russie, en Roumanie, il va à la rencontre des paysans. En Allemagne, il photographie les clochards sur les trottoirs. RaedBawayah appartient à la génération qui a intégré la dimension artistique dans la photographie documentaire.
« Je cherche un petit point blanc dans la masse noire du monde », explique-t-il. Il émane de ces images remarquablement composées, dénuées de pathos, une urgence, celle de contribuer à la prise de conscience que le monde court à sa perte s’il ne réagit pas.